les diagonales estivales de Bernard
DIAGONALES
STRASBOURG/PERPIGNAN ET HENDAYE MENTON
Bernard DELOFFRE
Samedi 15 juin 2013, je suis dans le train en direction de Strasbourg, pour une aventure de deux diagonales afin de terminer le cycle des neuf .
La première doit m’emmener à Perpignan tandis que la deuxième au départ d'Hendaye je dois rejoindre Menton , toujours en vélo .Les distances et les délais sont identiques soit 950 k ms à accomplir dans un délais de 78 heures pour chacune d'elle .
Dès mon arrivée en gare , je suis accueilli par notre dévouée sariste locale Jocelyne , qui me propose de m'accompagner le lendemain au commissariat de Strasbourg et de faire un bout de chemin afin de me faciliter la sortie de cette ville .
A 6 h 50 je suis dans les bureaux de commissariat et le gardien de permanence note sur mon carnet de route l'heure de départ 6 H 50 Je lui fait remarquer qu'il aurait du porter 7 H00 l'heure de mon départ , le temps que je me prépare Devant mon étonnement , je lui explique que les diagonalistes ont un contrat moral avec le règlement et que l'heure c'est l'heure !! .
Mon bout de route avec Jocelyne s'arrête à Marckolsheim, village très fleuri , où j'expédie la carte postale du départ .Je remercie vivement Jocelyne pour son aide et lui précise que ce début de parcours en sa présence et sous le soleil est très agréable .
Il fait déjà chaud ce matin en Alsace, et la température atteindra plus de 30° dans la journée .A neuf brisach vers 10H30 je m'enduit de crème contre les coups de soleil, car exceptionnellement à cause d'un printemps médiocre je ne suis pas bronzé cette année .Je profite de cet arrêt pour faire le plein d'eau, et une femme ayant remarqué la plaque de cadre m’interpelle pour me dire qu'elle a été ravi de rencontrer et de dialoguer avec des diagonalistes au salon des loisirs de Paris .Étonnant !! merci donc à ces messagers pour leur intervention qui a visiblement marqué cette dame .je suis toujours étonné de ces nombreuses rencontres brèves et furtives que l'on peut faire tout au long de la route .Je suis également surpris de l'accroissement des cyclos randonneurs sur les routes, peut être qu'ils prennent de l'avance sur une éventuelle pénurie de carburant !!.
Au contrôle de Wittelstiem, j'ai perdu l'avance que j'avais prise et 8 k ms de plus au compteur, pour avoir emprunté la piste cyclable à partir de Neuf brisac.la seule difficulté de la journée est la longue côte de St Hippolyte sous la chaleur .A Morteau , je mange copieusement car je ne trouverai plus rien avant Pontarlier , ville étape où j'arrive vers 22 h30 après 273 k ms
le lendemain matin , après avoir mangé un morceau de savane , une banane et bu un café lyophilisé je reprend mon itinéraire à 04h30 .Dans la vallée du lac de Saint point ,souffle un vent chaud qui vient du sud .Cela est assez rare sur ce plateau du jura à 07h00 du matin. J’apprendrai plus tard que ce vent provenait du Sahara emportant avec lui du sable rouge.
A Mouthe je prends un petit déjeuner avant de rejoindre Saint Laurent en Grandvaux par une route qui fait un véritable toboggan .Ensuite , après la descente sur Saint Claude ,c'est la direction d'Oyonnax .Je me ravitaille en eau car il fait déjà très chaud , je mange également ,j'ai pris un peu de retard sur ma prévision .La route est en travaux et la montée sur Oyonnax est pénible sous la chaleur avec la circulation alternée et le vent qui souffle de face . J'arrête souvent pour prendre de l'eau .Au contrôle de Pont d'Ain ,j'ai pratiquement deux heures de retard .Comme j'ai prévu mon étape dans un gîte à St Vallier, je décide d'annuler cette réservation La propriétaire me dit qu'elle s'en doutait car un vent très fort souffle dans la vallée du Rhône .(sage conseil que de prévenir au moment de la réservation des conditions d'annulation) .Je raccourci donc mon étape à Vienne où j'arrive vers 20H Je sais que je rallonge l'étape du lendemain de 60 k ms , mais je préfère bénéficier d'une bonne nuit de récupération et peut être que le vent aura faibli . !!
Le lendemain j'ai bien récupéré et à 03 H 45 je suis sur le vélo pour une étape longue de 332 k ms qui doit me conduire à Pezenas .je sors facilement de Vienne et longe un bon moment le fleuve.
Au contrôle de Pouzin je prend un bon petit déjeuner à la terrasse d'un café et j'envie les gens qui prennent tranquillement leur café avant de rejoindre leur activité .Mais la mienne c'est de rejoindre Perpignan dans les délais .le vent est toujours présent un peu moins fort mais il fait toujours aussi chaud .Lorsque j'arrive vers 16 h à Uzes pour un contrôle, il y a beaucoup de monde dans cette ville touristique où j'ai déjà pointé pour les BPF .J'ai encore beaucoup de chemin à parcourir et à Quissac vers 19 H je suis content de trouver encore une boulangerie ouverte .J'avale un croque monsieur et deux sandwichs, au frais à l'intérieur du magasin . j'explique à la boulangère que je vais dormir à Pezenas et qu'il me reste 84 k ms à faire .Elle me dit que ce n'est pas sérieux de rouler la nuit .Oui mais il fait encore clair en cette période jusqu'à 22H30 .Elle à sûrement raison mais je parts quand même , de toute façon ma chambre d'hôtel est réservée et avec la carte bancaire on rentre quand on veut , alors je n'ai pas de quoi m'inquiéter , sauf des orages et de la pluie qui menacent de tomber .Par contre dans cette région les routes dans les villages traversés sont en très mauvais état alors je fais très attention aux trous sur la chaussée .
A 01 h00 je prend possession de ma chambre ,après avoir été arrosé par de faibles pluies .
Je quitte ma chambre à 5 heures . L'orage vient juste de commencer et c'est sous la pluie que je démarre la journée .Je traverse Béziers par le centre , mais je prends la déviation pour contourner Narbonne lorsque je crève de la roue avant .Je répare sous la pluie ,pendant ce temps là mon téléphone sonne mais il est bien protégé de la pluie dans ma sacoche , je laisse sonner .Un peu plus loin je crève de nouveau , une agrafe est plantée dans le pneu .Je répare de nouveau , mais maintenant je n'ai plus de chambre d'avance et cela m'angoisse un peu , en plus j'ai perdu du temps .A 10h j’envoie la carte postale d’arrivée à Sigean et je regrette d'avoir fait un détour pour cela .Mais le beau temps est revenu maintenant le vent est dans mon dos pour gagner Perpignan et son commissariat à 12 heures.
Plus tard en lisant mes messages sur le portable j’apprends que c'est Michel LEFEVRE sariste , qui a essayé de me joindre pour m'aider dans la traversée de Perpignan Toutes mes excuses de ne pas avoir répondu à son appel .
J'ai utilisé tout le délais accordé pour cette diagonale car ayant programmé une deuxième à la suite , je n'ai pas voulu me mettre dans le rouge .J'ai préféré amputer mon temps de repos pour rattraper mon retard, plutôt que d'accumuler une fatigue physique qui se ressent longtemps dans les jambes .
Cette huitième diagonale forte de 7500 mètres de dénivelé , en ayant subi à la fois le vent et la chaleur est certainement la plus dure que j'ai réalisé seul .
Après une nuit passée à Perpignan, me voici de nouveau dans le train, cette fois direction HENDAYE .Sur le quai j'aperçois un cycliste et son vélo Il s'agit de Gilbert Milhau qui vient juste de terminer Strasbourg/Perpignan et qui rentre chez lui à DAX .Curieuse rencontre,à un jour d'intervalle nous avons fait pratiquement le même trajet . Nous avons alors le loisir de commenter nos expériences vécues au travers des diagonales .
Dans la traversée des landes on peut apercevoir d'énormes étendues d'eau qui recouvrent les champs . les cours d'eau sont à leur plus haut niveaux car les inondations de Lourdes et de la région sont très récentes .
Samedi 22 juin à 07h00 je suis au commissariat d'Hendaye pour le tampon du départ.
Le planton me précise que ce ne sera pas possible avant 08h00 ,car le responsable est parti en intervention. A sa demande, il recueille mes coordonnées pour lui transmettre à son retour, et signe mon carnet de route en l'absence de tampon .
Il fait beau ce samedi matin, et très peu de circulation .A Bayonne je fais un détour pour visiter rapidement la cathédrale et je poste la carte postale du départ.
Je sors sans difficulté de Bayonne direction Peyrehorade par la rive droite .
Il reste encore par endroits de l'eau sur la chaussée provenant de la crue du fleuve .
A midi, au contrôle d'Horthez dans une station total je fais le plein d'eau .Le vent m'est plutôt favorable pour avancer. Après la traversée de Pau sans difficulté par le centre ville,j'arrive avec une heure d'avance à Tarbes. Je bénéficie d'une superbe vue sur les Pyrénées encore toute blanche de neige à cette époque. La seule difficulté de la journée est pour monter le plateau de Lannemezan, ensuite j'arrive à l'étape du soir à Saint Gaudens avec une heure d'avance
Le lendemain matin je démarre à 04h30, bien reposé, mais il commence à pleuvoir. Comme je suis immédiatement sur mon itinéraire en sortant de l'hôtel, cela me fait plaisir .Il y a quelques fois des petites choses qui sont des bonheurs ressentis à l'occasion des diagonales. Sur la route, la pluie s'intensifie et à St julien de Carbonne je fais une halte dans une boulangerie ouverte, pour manger un peu. Comme j'ai prévu de passer par Saverdun faire un petit coucou à notre ancien président de l'amicale, je rencontre Bernard sur l'itinéraire et nous nous retrouvons chez lui .J'ai le plaisir de goûter aux délicieuses confitures faites par Gisèle, son épouse lors d'un petit-déjeuner frugale
Je quitte leur charmante compagnie , heureusement il pleut un peu moins pour reprendre la route .
A Fanjeaux vers midi , il ne fait pas très chaud , mais après la descente sur Carcassonne , plus de pluie mais du soleil , je peux retirer le Gore-tex.
Mais une surprise m'attend sur la route en direction de Béziers .Un vent latéral de force 6 souffle en rafale .Je suis obligé de serrer le guidon pour ne pas être déstabilisé par les coups de vent et me retrouver dans le fossé Je ne suis pas toujours fier mais je dois avancer en maîtrisant mon vélo Encore un petit bonheur , il ne souffle pas de face et m'aide plutôt à avancer .C'est dans ces conditions que je rejoints Sète avec une circulation importante ce dimanche soir sur les bords de mer.
La nuit passée à l'hôtel j’entends nettement souffler le vent . A 04h30 au moment de partir je juge trop dangereux de passer par le bord de mer comme prévu pour rejoindre Arles. Je décide donc de modifier mon itinéraire et passer par Montpellier et Lunel .
J’effectue le contrôle prévu à Arles et je mange vers 10h30 .le vent n'a pas faibli je l'ai toujours de côté dans les conditions de la veille. Il est moins présent dans les alpilles
J'ai un appel sur mon portable de André Dworniczak sariste local qui regrette ne pas venir à ma rencontre, à cause du vent dominant et qui me souhaite une bonne route .Malgré cela , j'arrive au contrôle de Peyrolles avec une heure d'avance .Le relief est plus accidenté dans l'arrière pays mais les paysages sont agréables et j'arrive au terme de l'étape à Draguignan à 20h00. Je peux encore profiter d'un long temps de repos .Mon vélo est entreposé dans la salle de réunion de l'hôtel , mais je demande à garder la clef pour être sûr de le récupérer à mon départ prévu le lendemain à 04h00 .
Dernière journée pour rejoindre Menton en passant par Grasse , rien que pour revoir cette ville où j'arrive à 7 heures .Je dépose la carte postale d'arrivée avec quelques petits commentaires .Il commence à y avoir beaucoup de circulation sur la route qui descend sur Nice .A Villeneuve Loubet , c'est vraiment l'embouteillage, il fait beau mais il faut rester prudent et vigilant dans cette circulation , la fin de la neuvième diagonale approche ,ce n'est pas le moment d'avoir un accident .A 11h00 je fais poser le dernier coup de tampon au commissariat de Menton .
Je viens de terminer en six ans la série des diagonales mais curieusement comme je suis assis sur un banc face au commissariat je ressens comme un manque ,un vide , en fait je réalise que cet après midi je n'ai plus de délais à respecter, plus de temps à perdre pour chercher l'itinéraire ou pour trouver un tampon.
Pour ma part je viens de réaliser la plus belle de mes diagonales, par rapport à la beauté et la variété des régions traversées .
Les diagonales de France au nombre de neuf permettent de relier les villes de
DUNKERQUE/PERPIGNAN/MENTON/BREST/STRASBOURG/ ET HENDAYE.
la série terminée un diplôme récompense le participant .
Certains diagonalistes après avoir réalisé la série des neuf , choisissent de reprendre leurs parcours en sens inverse , pour effectuer leur deuxième série . Chaque multiple de séries donne également lieu à un diplôme .
Le choix de l'itinéraire est libre, mais les délais sont calculés sur les distances suivants :
BREST /MENTON 1400 ms 116 Heures
DUNKERQUE /PERPIGNAN 1190 100
DUNKERQUE /MENTON 1190 100
STRASBOURG /HENDAYE 1170 99
BREST /PERPIGNAN 1060 89
BREST /STRASBOURG 1050 88
DUNKERQUE /HENDAYE 1050 88
HENDAYE /MENTON 940 78
STASBOURG /PERPIGNAN 940 78